Bienfaits, pratiques : le maternage proximal, quèzaco ?

25 Nov 2022

5 min
Le maternage proximal - Un Renard dans la Lune
Le maternage proximal a pour objectif de cultiver une étroite proximité parent-bébé. Photo de Canva.

En quelques décennies, les préconisations éducatives ont radicalement changé. Aujourd’hui, il n’est plus question de laisser son bébé pleurer, ou de recourir à des violences éducatives ordinaires. De nouvelles tendances émergent en matière de parentalité, à commencer par le maternage proximal. Mais concrètement de quoi s’agit-il ? Quels en sont les bienfaits et les pratiques ? Voici tout ce que vous devez savoir sur le maternage proximal !

Qu’est-ce que le maternage proximal ?

Sur les réseaux sociaux, dans les revues de maternité ou sur les blogs spécialisés, certaines notions sont devenues monnaie courante. C’est le cas du maternage proximal, ou maternage intensif, qui ne cesse de faire de nouveaux adeptes.

Mais pour de nombreux parents, il s’agit d’une notion plutôt vague, et difficile à appréhender. D’autres s’inscrivent instinctivement dans ce mouvement sans le savoir. Concrètement, qu’est-ce que le maternage proximal ?

Ce mode d’éducation a pour objectif de répondre aux besoins primaires et physiologiques du bébé, en cultivant la proximité parent/enfant. Le maternage proximal souhaite maintenir un lien physique et émotionnel fort, dans la continuité de la grossesse.

Deux spécialistes de la petite enfance ont participé au développement du maternage proximal. Pour le psychiatre John Bowlby, l’attachement fait partie des besoins primaires des nouveau-nés, de même que l’alimentation ou le sommeil. Mais c’est le pédiatre américain William Sears, et son épouse sage-femme Martha Sears, qui ont popularisé cette théorie de “l’attachment parenting”.

Contrairement à ce qu’indique la traduction française, le maternage proximal intègre aussi les papas. L’idée est d’offrir au nouveau-né une sécurité affective optimale, et de respecter sa physiologie. Les parents qui le pratiquent s’attachent à observer leur bébé, à décrypter ses besoins, et à y répondre immédiatement.

Ceci étant dit, chaque famille doit puiser dans le maternage proximal ce qui lui correspond vraiment. Dans la pratique, chacun est amené à appliquer sa propre définition du maternage intensif, en fonction de son enfant.

Peau à peau, allaitement long, portage : le maternage proximal en pratique

Pour les bébés, comme pour leurs parents, les premières semaines et les premiers mois peuvent s’avérer complexes et délicats. Il faut apprendre à décrypter les pleurs du nourrisson, calmer ses douleurs, mettre en route la lactation (si allaitement), etc. Parallèlement, de nombreux nouveau-nés souffrent de coliques, de poussées dentaires ou encore de reflux gastro-œsophagien.

Pour faciliter le post-partum et les premiers mois du tout-petit, certains parents recourent à des techniques emblématiques du maternage intensif. Mais quelles sont les pratiques du maternage proximal ? Lesquelles correspondent aux besoins de votre bébé ? L’art de materner englobe :

  • le peau à peau : juste après l’accouchement, les équipes soignantes invitent les parents (mamans et papas) à tenir leur bébé tout contre leur poitrine nue. Les bienfaits du peau à peau sont unanimement reconnus : apaiser bébé, créer et entretenir le lien mère-enfant et père-enfant, favoriser la montée de lait et faciliter l’allaitement au sein, réduire le stress maternel, etc. ;
  • le portage : pour bébé, les bienfaits rejoignent ceux du peau à peau. Il bénéficie de la chaleur de ses parents, dort plus facilement, pleure moins, et ressent moins de douleurs physiques. En écharpe de portage ou en porte-bébé, il est important de privilégier une position physiologique, pour lui assurer un bon développement corporel ;
  • l’allaitement long et à la demande : c’est la seule pratique du maternage proximal qui ne concerne pas (ou très peu) le papa. Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’idéal est d’allaiter exclusivement son bébé pendant 6 mois, puis partiellement pendant 2 ans. Bien entendu, l’allaitement ne doit pas être une contrainte, et chacun fait comme il veut et peut. La plupart des adeptes du maternage intensif préfèrent attendre le sevrage naturel de leur enfant ;
  • le cododo (ou co-dodo) : il s’agit sans doute de la pratique la plus controversée du maternage proximal. Elle est largement pratiquée dans le monde, en Afrique, en Asie (Japon, Inde, etc.), mais aussi en Europe (Suède, Danemark, etc.). Le cododo consiste à dormir dans le même lit que son enfant, ou dans un lit collé. Aujourd’hui, certains professionnels pointent du doigt les risques de mort subite du nourrisson ou d’asphyxie. Mais pour de nombreux parents, le cododo facilite les tétées nocturnes et l’endormissement de chacun ;
  • d’autres pratiques qui se mettent en place plus tard : langage des signes, diversification alimentaire menée par l’enfant (DME), motricité libre, hygiène naturelle infantile (HNI), instruction en famille, etc.

En réalité, chaque famille pioche dans cette boîte à outils des pratiques et des idées qui conviennent à l’enfant. Il ne faut pas oublier que chaque bébé est différent, avec ses préférences, ses besoins et son tempérament.

Quels sont les bienfaits du maternage intensif ?

Par définition, le maternage proximal s’oppose au maternage distal. Ce dernier préconise de laisser pleurer l’enfant pour favoriser son “indépendance” précoce et forcer la séparation. Les parents qui maternent ont une tout autre approche.

Ils s’attachent à répondre au besoin d’affection et de sécurisation de leur tout-petit, en cultivant la proximité physique et émotionnelle. L’enfant peut grandir dans un cadre rassurant et protégé, empli de tendresse et de patience. Voici quelques bienfaits du maternage proximal :

  • durant le 4e mois de grossesse, la maman sécrète des hormones bienfaitrices qui apaisent son stress et sa fatigue ;
  • aider bébé à prendre conscience de son identité et de son corps en douceur ;
  • rassurer l’enfant, l’aider à s’endormir, apaiser ses pleurs, réduire ses douleurs corporelles ;
  • favoriser l’éveil de l’enfant, tout en respectant son rythme de développement ;
  • développer les liens affectifs parents-enfant.

Le maternage proximal invite à suivre son instinct de parent, et à être au plus proche des besoins de son tout-petit.

Pourquoi le maternage proximal suscite-t-il tant de critiques ?

Malgré ses nombreuses vertus pour les tout-petits et pour leurs parents, le maternage proximal est au cœur de débats houleux. À l’instar des écoles Montessori, de l’éducation positive, ou de l’accouchement à domicile, il est critiqué par de nombreux détracteurs.

Parmi les arguments contestables, certains affirment que ce mode d’éducation entrave l’autonomisation de l’enfant. Or, pour les parents qui en sont partisans, il s’agit de laisser l’enfant prendre son autonomie à son propre rythme.

Un autre argument en défaveur du maternage proximal est malheureusement légitime. Aujourd’hui, les réseaux sociaux et les blogs de mamans semblent faire du maternage proximal un ensemble de pratiques obligatoires. Sans le vouloir, ceux qui vantent un système éducationnel alternatif finissent par imposer de nouvelles injonctions aux femmes.

Ces dernières peuvent ressentir une pression supplémentaire, une obligation de perfection, et un profond sentiment de culpabilité. C’est dommage ! Plus que jamais, il est important de nuancer les choses, et d’arrêter d’opposer féminisme et maternité, maternage et émancipation de la femme.

D’une part, les pères ont un rôle clé à jouer dans le maternage proximal. Et d’autre part, il n’existe aucun mode d’emploi en matière de parentalité et d’éducation. Certaines pratiques du maternage proximal conviennent à telle famille ou à tel enfant, d’autres non. Laissons à chacun la liberté de mettre en place ce qui lui semble pertinent et faisable, et cessons de comparer les mères entre elles.

Le maternage proximal est un art de vivre, qui intègre plusieurs pratiques (cododo, allaitement long, peau à peau, portage, etc.). L’objectif est de cultiver une forte proximité parent-bébé, pour sécuriser l’enfant, et répondre immédiatement à tous ses besoins physiologiques. Que pensez-vous de cette philosophie ? Recourez-vous déjà à certaines de ses pratiques ? N’hésitez pas à partager vos avis et expériences en commentaires !

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